La science derrière les aliments épicés : pourquoi nous avons envie de brûler

22

Pourquoi recherchons-nous des aliments qui nous font transpirer et déchirer ? La réponse ne réside pas seulement dans les papilles gustatives, mais dans une interaction complexe de facteurs chimiques, biologiques et culturels.

Le piquant des aliments épicés provient de la capsaïcine, un irritant présent dans les piments. Il agit directement sur les récepteurs nerveux appelés TRPV1, chargés de détecter les stimuli nocifs tels que les températures extrêmes et les lésions tissulaires. Cette activation déclenche les mécanismes de défense naturels de notre corps – pensez à la transpiration, aux larmes et même au nez qui coule – comme s’il essayait d’expulser la substance incriminée. Alors pourquoi nous infligeons-nous volontairement cette sensation ?

Liam Browne, professeur agrégé spécialisé dans la perception sensorielle à l’UCL, explique que la capsaïcine plonge effectivement notre corps dans un scénario miniature d’« alarme incendie ». Grâce à des expositions répétées, notre cerveau apprend que même si le signal initial est alarmant, il est finalement inoffensif et contrôlable. Ce changement de perception d’une menace à une stimulation gérable peut rendre l’expérience tolérable, voire agréable.

Pensez-y comme à un entraînement pour un marathon ou à une douche froide. L’inconfort initial s’estompe à mesure que notre corps s’adapte, laissant derrière lui un sentiment d’accomplissement et parfois même une rémanence agréable. Des changements neurochimiques similaires peuvent se produire avec des aliments épicés, libérant des endorphines qui neutralisent la sensation de douleur initiale.

Mais il y a bien plus que la désensibilisation. L’exposition à la capsaïcine modifie également la façon dont notre cerveau interprète les signaux futurs. À mesure que nous apprenons à associer les épices à la sécurité, leur signification passe d’alarmante à agréable. Cette « réévaluation » de la douleur joue un rôle dans le plaisir d’activités comme regarder des films d’horreur ou monter sur des montagnes russes – un masochisme essentiellement bénin où l’inconfort contrôlé devient passionnant.

Notre constitution génétique influence également notre tolérance aux aliments épicés. Les variations du gène TRPV1 affectent la facilité avec laquelle il s’active et se désensibilise, ce qui signifie que certaines personnes trouvent naturellement les épices plus tolérables que d’autres. Cette variabilité ajoute une autre couche à la relation complexe que les humains entretiennent avec les aliments chauds.

Et n’oublions pas la culture ! Les piments étaient cultivés il y a des milliers d’années au Mexique et en Amérique centrale, ce qui suggère une longue histoire de plaisir intentionnel pour leur piquant. Aujourd’hui, le marché mondial des sauces piquantes est en plein essor, mettant en évidence l’attrait durable des saveurs épicées dans toutes les sociétés.

Alors, la prochaine fois que vous prendrez une pincée supplémentaire de flocons de piment ou savourerez un plat épicé, rappelez-vous : c’est plus qu’une simple sensation gustative. Cela témoigne de la remarquable capacité de notre cerveau à transformer l’inconfort en plaisir et à s’adapter à des stimuli apparemment défavorables.